mardi 3 décembre 2013

10 ans après : état des lieux et perspectives - 12 Novembre 2013



CONFERENCE 10 ANS APRÈS : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES DE LA SITUATION DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉ.

INTERVENANTS :



ROKHAYA DIALLO, animatrice télé et radio, chroniqueuse et fondatrice de l’association « Les Indivisibles »

BRIGITTE LAMOURI, chargée de Mission Départementale aux Droits des Femmes et à l’Égalité.

MARIE-CECILE NAVES, sociologue et politologue, docteur en science politique, membre de Think Tank Different dont elle est responsable des études du laboratoire politique. Elle vient notamment de terminer la co-rédaction d'un rapport sur les Stéréotypes filles-garçons dans l'enfance et l'adolescence, qui lui a été commandé par la ministre des Droits des femmes.

DANIEL WELZER-LANG, sociologue et spécialiste français de l'identité masculine, il est professeur de sociologie en études genres à l'Université de Toulouse Mirail. Il interviendra sur le sujet : "Effets des luttes des femmes sur les hommes, l'égalité en marche".





Le droit des femmes en France est très récent : c’est une histoire de 50 ans. Cette évolution rapide a été perturbante pour notre société et s’est vue limitée. La France produit beaucoup de textes pour l’égalité, mais rencontre des difficultés pour les mettre en place.



On entend souvent le discours « antiféministe » : « Vous avez déjà obtenu beaucoup, de quoi vous plaignez-vous ? ». Le combat féministe n’est pas un combat contre les hommes, mais plutôt contre le patriarcat, contre le système, les habitudes, le sexisme... Les ancrages dans les mentalités sont tellement nombreux et sous tellement de facettes que le combat sera bien long et difficile avant d’atteindre une réelle égalité.


Ce qui va aujourd’hui être déterminant pour le changement à venir est la méthodologie qui permettra la mise en place de l’égalité : prendre en considération les besoins actuels des hommes et des femmes le « gendermainstreaming » et le recours à des mesures positives pour corriger les inégalités en Union Européenne.



La France projette la mise en place de la transversalité des ministères avec les collectivités locales. 

La semaine de l’égalité 2013 abordait les sujets du plafond de verre dans la fonction publique, de l’approche de la mixité des métiers en 2014, et la mobilisation des entreprises.


Question : comment les ministères agissent-ils pour l’égalité ? Exemple pour le logement : quels sont les processus ? Etude de l’impact sur le fonctionnement législatif, quels sont les effets produits sur les hommes ? Sur les femmes ? Comment ces torsions peuvent-elles être corrigées ? 


      Des référents préfectoraux sont chargés de traiter ces questions :   
      -  HCE/fh

MIPROF

Au 21ème siècle, nous sommes la 3ème génération de droits des femmes) : 


-       La 1ère génération a subi une « discrimination légale » ;

-       La 2ème génération a vu la création de droits nouveaux ;

-       La 3ème génération, celle d’aujourd’hui, est celle de la lutte contre les stéréotypes et pour l’effectivité des lois.


Déjà des effets de la législation sur les parités quelques évolutions sont à noter :

·    En 10 ans, par deux fois un ministère a été centralisé sur le droit des femmes (en 2004 et 2012)

·     Il y a eu un éclatement des résistances : des femmes s’installent dans des métiers d’hommes.

·         
    L’égalité tangente dans des groupes importants avec des objectifs chiffrés : recrutement, carrières d’entreprise... Les entreprises ayant les moyens donne l'exemplarité sur le tissu économique des PME/PMI. Ex : GDF SUEZ 


On peut noter également l’adaptation des foyers : notamment pour la garde d’enfants (mais 80% des tâches ménagères sont encore réalisées par des femmes). Les systèmes de gardes d’enfants sont encore insuffisantes, il faudra encore des investissements pour améliorer le nombre de places proposées en structures.


Les stéréotypes sont encore très forts.


Des actions sont menées pour tenter d’agir plus en amont : ABC de l’égalité proposé aux primaires et enfants en bas-âge. Le but est de briser les inégalités d’habitudes. Certaines enseignes ont déjà appliqué l’inversion des genres sur les catalogues de jouets : exemple lecatalogue de jouets de Système U...


Mais les violences conjugales persistent et continuent de toucher une femme sur 10. Une femme sur 10 a également subi une agression sexuelle dans sa vie. Bien souvent le foyer est plus dangereux pour elle que la rue. Pour combattre ces violences un plan pluriannuel a été mis en place : il s’agit d’une politique interministérielle et partenariale avec une stratégie triennale sous la forme d’un plan global contre les violences.

Les chiffres de la violence : une femme meurt tous les 2.5 jours sous les coups (notons aussi que les victimes collatérales sont difficile à chiffrer, mais en nombre important : enfants, famille...). 
En 2010 : 75000 viols ont été déclarés (cela représente un viol toutes les 7mn...).


Les femmes et leur représentation.


Dans les médias, le temps de parole des femmes expertes reste faible. Elles sont toujours dans une différence par rapport à la norme « masculine » : exemple pour l’équipe de France, s’il s’agit de l’équipe féminine on le précisera dans le titre. Dans la publicité, on représente la femme à l’intérieur et les hommes à l’extérieur où s’ils sont liés à un produit ménager c’est qu’ils sont experts. Certes ils reproduisent la société mais caricaturale des destins des hommes et des femmes.

Dans ces 10 dernières années, 13 prix Nobel ont été remis à des femmes (alors que seulement 30 ont été remis à des femmes sur le dernier siècle).


Au niveau politique, des progrès sont encore à faire : la part des femmes à l’Assemblée Nationale et au Sénat est inférieure à 30%.  Seules 2 régions et 3 départements sont représentés par des femmes. 




Alors que dans un même temps, le taux d’emploi des femmes est de 59.7% (un des plus hauts d’Europe). Nous noterons que la polarisation des femmes se fait sur les emplois les moins qualifiés. Depuis les années 70, l’emploi des femmes augmente. Ceci est dû à l’essor des professions employant principalement des femmes (ceux qui étaient auparavant des emplois « gratuits » : ménage, soins, ...), mais aussi à certaines professions qui se féminisent (la France est légèrement au-dessus de la moyenne sur ce point là). 


La féminisation tend avec la nouvelle génération. Les inégalités sexuées ne sont pas liées au CSP : 2% des PDG d’entreprise sont des femmes (aucune femme à la tête d’entreprise au CAC 40). A noter que l’évolution de la féminisation des conseils d’administration est plus forte que dans d’autres pays de l’Union Européenne. 


Les écarts de salaires restent importants. Si l’on compare les salaires à poste et temps de travail équivalent, l’écart de salaire est d’environ 16%.

Les inégalités sont d’autant plus fortes dans les petites entreprises et les PME/PMI qui n’ont aucune obligation sur ce sujet.


Mais même dans les grandes entreprises « féminisées », les femmes n’ont pas les mêmes responsabilités que les hommes. La mixité ne suffit pas. Les entreprises acceptent parfois pour donner une image sociale par pénurie de main d’œuvre... Certains se sont aperçus que la diversification améliorait la performance des entreprises.


Les femmes qui arrivent à monter l’échelle d’entreprise sont souvent celles qui ont un parcours d’excellence, qui ont montré leurs compétences et fait leurs preuves sur leur propre projet.
 

La politique de promotion des femmes a également encouragé les femmes à se diriger vers les métiers scientifiques (mais concerne les catégories socioprofessionnelles supérieures). Souvent l’entrée en carrière femmes /hommes est différente avec un  écart de retard qui ne sera jamais rattrapé... La mobilité interne aux entreprises est souvent défavorable aux femmes qui n’osent peu ou pas demander une augmentation aux employeurs.


Des réseaux féminins se créent et commencent à peser, notamment sur les réseaux sociaux.


Les freins aux évolutions sont les habitudes et des freins psychologiques : les femmes s’occupent des enfants et ne peuvent pas rentrer tard... En France, la politique du « présentéisme » est aussi une discrimination inconsciente avec des stéréoptypes : ceux qui partent le plus tard sont plus avantagés car ils sont plus travailleurs (à la différence de l’Allemagne qui voit d’un mauvais œil ceux qui restent tard : supposés moins bien organisés).

Les professions de la magistrature et de la médecine se féminisent beaucoup : les anciennes générations voient se fait comme un problème leur attribuant des problèmes générationnels et non de sexe.


Dans le milieu politique, il est difficile pour une femme de faire sa place dans les partis qui fonctionnent par cooptation, gênant l’arrivée des femmes à des postes à responsabilité. Les femmes peuvent hésiter à s’engager en politique car on ne veut pas d’elle, de plus c’est un milieu violent. Les termes sont importants dans ce milieu et révèlent parfois les difficultés ; ex : un homme public est un homme politique, une femme publique est une prostituée.


Par la segmentation professionnelle hommes/femmes on s’aperçoit que seuls 17% des métiers sont mixtes (effectifs d’au moins 40% de chaque sexe dans la profession). Les métiers dits « masculins » présentent une plus grande palette liée au pouvoir et à la force ; les métiers dits « féminins » sont portés sur les soins, entretien,... Des métiers jugés « pas fatigants » (!!!).


Les enseignements dés le départ sont sexués : les garçons sont plutôt dirigés vers les maths alors que les filles sont orientés vers les métiers littéraires. La société a tendance à plus valoriser un garçon qui aura un CAP, qu’une fille qui aura un BAC généraliste. 20% des jeunes seront orientés après la 3ème sur des filières unisexuées : le sport (pour certains sports).


Les femmes et la famille.


Le  taux d’évolution des familles monoparentales est fort, avoisinant les 23.4% en France (34% en Tarn-et-Garonne !). Un tiers de ces familles monoparentales vivent en deçà du seuil de pauvreté : 90% de ces cas concernent des mères seules.


Les hommes peuvent-ils changer ? 


Dans la mesure où les femmes veulent changer, les hommes n’auront pas d’autres choix que de changer leurs habitudes. Il manque sur la place publique un lieu de débat et d’échange entre les hommes et les femmes.

Il y a un écart de préconçus entre les générations. Il a fallut attendre les années 80 pour voir des études sur les hommes. Mais on reste peu ou mal renseigné sur comment évoluent les hommes.


Depuis 1992 les mentalités ont un peu évolués. A cette époque l’égalité était inimaginable, alors qu’elle commence à apparaitre aujourd’hui comme normale. 


Dans les tâches domestiques, les hommes sont plus autonomes, car plus amenés à vivre seul à une période de leur vie (études, séparation...). Aussi, la confrontation des premiers couples est parfois difficile, les hommes ne voulant souvent pas appliquer ce que leur conseillent/demandent leur compagne.


Si l’on fait le parallèle avec des couples homosexuels, on s’aperçoit que la domination ne se fait pas par rapport au sexe mais plutôt par rapport à l’âge et/ou aux revenus.


La nouvelle génération présente de grosses différences avec l’ancien mode de vie des précédentes : elle veut plus de temps pour eux, leur famille, les enfants tant pour les hommes que pour les femmes. Ces différences sont souvent attribuées au fait que les femmes tendent à l’égalité alors qu’il s’agit d’une incompréhension intergénérationnelle.


La séparation des couples se passe relativement bien - rares sont ceux qui rencontrent des problèmes (environ 2%). Dans certains cas, les hommes se découvrent de nouvelles compétences (ils sont infantilisés par la société et leur rôle en couple). Les femmes elles peuvent se redécouvrir femmes.


La communication hommes/femmes est difficile car les canaux d’apprentissage et les normes véhiculées sont différents. Mais aujourd’hui les hommes associent le changement au plaisir. Ce n’est pas par la répression que l’on accèdera à l’égalité mais par l’éducation, la culture,...



Tout en rappelant le chemin qu’il reste à faire, 
il ne faut pas oublier de valoriser les efforts réalisés.

vendredi 11 octobre 2013

Edition 2013 : 10ème anniversaire de l'association Tout Feu Tout Femme!





Depuis 10 ans maintenant, l'association Tout Feu Tout Femme organise rencontres, débats et spectacles visant à mettre en avant la femme dans la société. Pour cet anniversaire, elle vous propose du 12 au 14 Novembre à Montauban, trois soirées de conférences et de spectacles pour faire un bilan de la situation des femmes dans la société dans ces 10 dernières années.




Cette année, vous avez la possibilité de supporter la cause de l'association en apportant votre contribution via le site de crowdfunding KissKissBankBank. Merci par avance pour vos soutiens!



Informations / Réservations : 05 63 63 56 56

jeudi 10 octobre 2013

Mardi 12 Novembre 2013 - 19h30 à l'Ancien Collège de Montauban

CONFERENCE / DEBATS

 "10 ans après, état des lieux et perspectives de la situation de la femme dans la société."



Entrée Libre


Cette conférence sera présentée par Rokhaya DIALLO, animatrice télé et radio, chroniqueuse et fondatrice de l'association "Les Indivisibles".

Après une introduction de Brigitte LAMOURI,  déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l'Egalité, des conférenciers interviendront pour faire un point sur la situation de la femme en France, comme à l'international, mais aussi aborder la vision des hommes sur le sujet.

Deux conférenciers seront présent :
- Marie-Cécile NAVES : sociologue et politologue, docteur en science politique, membre de "Think tank different", spécialiste des Etats-Unis contemporains et notamment du parti républicain. Elle est responsable des études du laboratoire politique de Think Tank Differen. Elle vient notamment de terminer la co-rédaction d'un rapport sur les Stéréotypes filles-garçons dans l'enfance et l'adolescence, qui lui a été commandé par la ministre des Droits des femmes.
- Daniel WELZER-LANG : sociologue et spécialiste français de l'identité masculine, il est professeur de sociologie en études genres à l'Université de Toulouse Mirail. Il interviendra sur le sujet : "Effets des luttes des femmes sur les hommes, l'égalité en marche".

Cette soirée conférence se terminera par un échange avec le public, le débat pourra ensuite se poursuivre autour d'une collation offerte par l'association Tout Feu Tout Femme.




mercredi 9 octobre 2013

Mercredi 13 Novembre 2013 - 20h30 à l'Espace V.O. de Montauban

SPECTACLE / CONFÉRENCE


"Je suis Top!", confidences d'une femme qui a percé le plafond de verre, de Blandine Metayer


Tarif unique : 15€*


Blandine METAYER, comédienne et auteure, a réalisé pour écrire cette intervention de nombreuses interviews de femmes (et d'hommes) "Tops Managers" brossant sans complaisance un tableau de la situation actuelle dans les entreprises.
A l'heure où Parité rime avec Actualité, "Je suis Top!", loin d'être une banale et grossière charge contre les hommes, porte un regard acerbe, amusé, tendre mais sans concessions sur les rouages de notre société, et de la vie en Entreprise...
La pièce commence alors qu'elle est parvenue au "Top". "Top Manager" et seule femme au comité directeur.
Ce seule en scène traite de la parité, des différences Hommes/Femmes, et des difficultés pour une femme de parvenir à un poste à haute responsabilité, encore aujourd'hui dans une Entreprise...



Animée par Rokhaya DIALLO, une interaction avec la comédienne sera proposée au public en fin de spectacle pour approfondir le sujet.


Rendez-vous le 13 Novembre dés 20h30 
à l'Espace V.O. (1899, chemin de Paulet 82000 MONTAUBAN) !

* Billets en vente auprès :
     - Bureau de l'association : 500, chemin de Rouges 82000 MONTAUBAN, 05.63.63.56.56
     - Office de Tourisme de Montauban : 4 rue du Collège 82000 MONTAUBAN
     - ACE 82 : 6 Place du 22 septembre 1792 82000 MONTAUBAN
     - Réseau FNAC : FNAC, Carrefour, Géant, Magasins U, Intermarché - www.francebillet.com
     - Réseau TICKETNET : Auchan, Cora, Cultura, E.Leclerc - www.ticketnet.fr


mardi 8 octobre 2013

Jeudi 14 Novembre : Salle Eurythmie à Montauban

SOIREE DE CLOTURE

Remise des Trophées Tout Feu Tout Femme 

Repas - Concert


Uniquement sur réservation au 05 63 63 56 56


Après une rétrospective sur les 10 années de conférences proposées par l'association Tout Feu Tout Femme, Brigitte LAMOURI, déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l’Égalité reviendra sur l'évolution de la femme dans les différents domaines de la société d'aujourd'hui.

Les Trophées Tout Feu Tout Femme seront ensuite remis à des femmes locales issues d'environnements économiques, culturels et sportifs en présence de la marraine de l'association  la chanteuse lyrique, Caroline CASADESUS.

Un concert de l'artiste montante du blues folk Mélissa LAVEAUX clôturera la 10ème édition du festival Tout Feu Tout Femme.


lundi 3 décembre 2012

Conditionnement sexiste dans l'éducation - 13 Novembre 2012

Depuis 9 ans maintenant l’association Tout Feu Tout Femme, organise rencontres, débats et spectacles visant à mettre en avant les femmes dans la société. Les sujets abordés pointent du doigt le long chemin qu’il reste encore à parcourir pour pouvoir enfin parler d’égalité. Pour sa 9ème  édition du 13 au 15 novembre 2012, le festival vous a proposé trois jours de tables rondes animées par la journaliste Rokhaya DIALLO.

Rokhaya DIALLO


CONDITIONNEMENT SEXISTE DANS L’EDUCATION

 

INTERVENANTS :

ROKHAYA DIALLO, animatrice télé et radio, chroniqueuse et fondatrice de l’association « Les Indivisibles »
BRIGITTE LAMOURI, chargée de Mission Départementale aux Droits des Femmes et à l’Égalité.
ELSA ARVANITIS, diplômée en sociologie des rapports sociaux de sexe, elle milite à Mix-Cité 31, association féministe mixte pour l'égalité des sexes et des sexualités.
BEATRICE GAMBA, éditrice de profession et militante depuis 1999 à l'association Mix-Cité Paris, mouvement mixte pour l'égalité des sexes et des sexualités.



Ces trois jours de conférences vont permettre d’aborder de manière non exhaustive les stéréotypes face auxquels les femmes sont confrontées tous les jours.   

Le mot sexisme est un mot des années 60. Il se définit par une attitude discriminante selon le sexe (il peut s’apparenter au racisme). Il renvoie à la construction « genrée » de la société, attribuant des rôles par rapport à « des prédispositions ». Celles des femmes sont rarement à leur avantage.

De manière générale, on admet que le « masculin l’emporte sur le féminin ».

C’est lors de la petite enfance que tout se joue, car avant 3 ans, les enfants ne sont ni hommes ni femmes, mais c’est l’éducation qui construit leurs personnalités. Il n’est pas rare d’entendre dire :
-         A une petite fille : « Pleure, ça te fera du bien...» ;
-         A un petit garçon : « Ne pleure pas, soit fort !».

L’éducation aujourd’hui transmet un héritage social. Les attentes n’ont jamais été les mêmes entre filles et garçons : les filles ont pour rôle de gérer l’intérieur, les garçons ont pour rôle la gestion de la vie extérieure. Les sphères interne/externe ont des gouvernements séparés, les pouvoirs y ont été séparés jusque dans les années 70.  

On remarquera que la situation de la femme n’a jamais évolué aussi vite que depuis le début du 20ème siècle. Nous sommes aujourd’hui à ce que l’on peut considérer comme la 3ème génération de femmes :
-       La 1ère génération a subi une « discrimination légale » ;
-       La 2ème génération a vu la création de droits nouveaux ;
-       La 3ème génération, celle d’aujourd’hui, est celle de la lutte contre les stéréotypes et pour l’effectivité des lois.

Mais si on se porte sur les quelques chiffres suivants, on remarque qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire, car :
-          82% des personnes au SMIC sont des femmes ;
-         Les écarts de salaire entre les hommes et les femmes sur des postes similaires est en moyenne de 27% ;
-          Les emplois des femmes sont (dans la grande majorité) regroupés sur 10 corps de métier liés à la sphère interne : soins, ménage, esthétique, administratif...) ;
-     Malgré le fait que les femmes représentent 40% des effectifs des filières scientifiques dans les lycées, elles ne représentent plus que 16% des effectifs dans les études scientifiques supérieures ;
-          Encore chaque jour en France 200 femmes sont victimes de viols.
-          ...

Malgré un contexte législatif, juridique et social poussant à l’égalité entre les hommes et les femmes, les faits ont en réalité bien du mal à suivre. Pourquoi ?

Cette situation est due à un cumul de petits éléments qui font la construction de l’individu tout au long de l’éducation : en résumé une transmission sexiste. Les véhicules de stéréotypes sont nombreux depuis l’enfance : les jouets, la télévision, l’encadrement privé et public...

Qui est responsable ? Qui à le pouvoir de changer les choses ? L‘État ? L’individu ?

Au niveau des actions publiques, un travail de longue haleine est opéré auprès des médias, des publicitaires ; mais aussi auprès du Pôle Emploi afin d’améliorer la diversité des postes proposés ; auprès de la petite enfance dans la rédaction des manuels scolaires, des jeux proposés...

Pour agir dans la sphère privée, des actions sont menées dans le secteur de l’habillement, des jeux vidéo, et des jouets en tous genres.

L’analyse des jeux d’enfants montre bien comment ils influent sur leur interprétation de leur environnement (notamment au travers de leur représentation publicitaire) :
-       Pour les filles : les poupées sensées leur apprendre à être une bonne maman ; les jouets ménage : pour bien entretenir sa maison ; le maquillage pour être bien apprêtée et plaire ; les sentiments : avec des jeux de société développant la complicité entre copines ; les soins aux autres (via des animaux virtuels...) ; l’attente du prince charmant...
-        Pour les garçons : des jeux techniques pour devenir stratège ; faire du bricolage ou de l’informatique ; des jeux de conquête : développer sa puissance, être en extérieur ; jouets avec des véhicules ; les super héros ; jeux de guerre avec des armes ultra réalistes.

Ce sont deux modèles diversifiant et excluant, voire même montant un genre homophobe avec des stéréotypes guerrier/princesse.
L’idéologie sexiste est largement utilisée par les fabricants pour des raisons économiques : il représente pour la période de Noël un budget par enfant en moyenne de 268€ ! Les fabricants de jouets investissent 51 millions d’euros dans la publicité seulement pour Noël.
Aujourd’hui, pour vendre plus, la tendance est même à transformer des jeux unisexes en jouets sexués, comme par exemple le Monopoly Rose, spécialement pensé pour les filles !

[ Référence bibliographique : « Contre les jouets sexistes »).

La littérature jeunesse poursuit également des schémas stéréotypés dans les magazines pour les tout-petits : il y a moins de filles que de garçons dans les scenarii, alors qu’il y a une majorité de lectrice (ce point a appuyé les éditeurs à intégrer plus d’héroïnes : +40%). Ce point serait justifié par le fait que « le masculin est considéré comme universel ». De plus, un livre dont le héro est un garçon sera acheté pour des filles ou des garçons ; alors que si le livre a une héroïne,  il sera acheté principalement pour des filles.

Les termes utilisés en littératures enferment les enfants dans des rôles prédéfinis :
-         Les filles sont « chipies », « coquettes, « amoureuses, « jalouses » ; ont des activités ou des métiers culturellement attribués aux femmes (les mamans ont rarement une activité professionnelle, ou alors une stéréotypée : infirmière, maîtresse d’école...) ; elles sont souvent représentées à l’intérieur, à la maison ; lorsqu’elles sont dans des groupes, elles sont des « faire-valoir », elles accompagnent ou observent.
-        Les garçons sont « courageux », « malins » ; ils « affrontent » et « découvrent », ce sont des « aventuriers »...

Ex : Martine, les Monsieur et Madame, Tchoupi, Oui-Oui, les princesses & les chevaliers...

Certains éditeurs travaillent sur des images alternatives, où des filles sont présentées dans d’autres schémas : « La princesse et le dragon » « Marre du rose » (aux éditions Talents Hauts).

Il existe des magazines considérés comme mixtes, mais malgré leur neutralité annoncée, ne présente que rarement une fille en couverture (jamais une fille seule, ou bien dans un rôle « féminin » - “Elle est amoureuse”)

Ex : Collection La Cabane Mixte avec les aventures de Max et Lili - les personnages sont filles et garçons mélangés, mais il y a une légère tendance à retrouver Lili dans des histoires qui touchent plutôt les filles, et Max les garçons -.

Dans les livres pour les plus de huit ans, on trouve vraiment une différenciation. Il existe une pléiade de magazines spécialement conçus pour les filles qui traitent de sujets relatifs aux bijoux, aux copines, aux vêtements...

En revanche il n’y a pas de magazines spécialement édités pour les garçons (ils sont la « normalité », « l’Humanité », il n’est donc pas nécessaire de leur en dédier).

Les personnages féminins des contes traditionnels pourraient être classés en deux catégories :
-          Les princesses douces et passives  (Belle au Bois Dormant...),
-       Les marâtres, sorcières méchantes et malveillantes (dans les contes de Grimm, 80% des personnages féminins ont des rôles négatifs).

Quelles sont les conséquences de cet environnement sur nos enfants ?

Les petites filles ont généralement moins confiance en elles. Elles osent moins prendre de l’espace dans la cour de récréation, malgré de bons résultats à l’école (souvent même meilleurs que ceux des garçons) elles sont moins aptes à prendre la parole en classe, 15% des petites filles aimeraient être des garçons.

Le dictionnaire des écoliers donne pour définition : la « Mère » est  celle qui a des enfants, le « Père » est le chef de famille.

On constate que tous les éléments de l’environnement des enfants vont dans le même sens : au-delà de l’éducation même, les jouets et les livres confortent l’instauration de ces préjugés comme normalité.

Débat et questions :

Comment influer les publicitaires ?
 Les publicitaires influencent les modes via les médias, mais ils ne répondent qu’à des exigences économiques, aussi il est quasi impossible de faire pression auprès de ces derniers. La seule possibilité pour faire changer les choses est de rendre les consommateurs responsables : informer les parents et les inciter à faire de vrais choix pour apporter un véritable équilibre à leurs enfants.
Par exemple si les parents boycottent les produits stéréotypés, les industriels du jouet - comme les éditeurs et enfin les publicitaires qu’ils mandatent - finiront par modifier leurs approches.

Est-ce que ces différenciations que l’on trouve dans la sphère privée se retrouvent dans la sphère publique (malgré les politiques d’égalité mises en place aujourd’hui) ?
Dans les structures d’accueil collectives (les crèches...) les jeux proposés sont asexués ; mais le personnel de ces lieux d’accueil reste essentiellement féminin. L’essentiel du travail dans ces lieux réside à la sensibilisation du personnel encadrant.
N.B. : Une crèche pilote (Bourdarias à Saint-Ouen) réalise un travail sur le choix des jouets, sur la façon de parler aux enfants, et d’impliquer leurs parents.

Les garçons prennent plus souvent la parole - même au sein d’association féministe comme Mix’ Cité qui s’était prêté au jeu lors de l’observation d’une réunion - ce fait est inconscient, ni les hommes, ni les femmes du groupe de parole ne s’en aperçoivent. Ceci est aussi dû au fait que les femmes réfléchissent plus à l’intérêt de leur propos avant de lancer leur idée : « Est-ce que ce que j’ai à dire est intéressant dans la discussion en cours ? ». Elles sont bien souvent très exigeantes avec elles-mêmes.

On parle souvent de racisme, peu de sexisme.
Afin de comprendre l’importance de traiter ce problème comme l’on traite les problèmes de racisme, il faudrait remplacer le terme « Homme » par « Blanc », et « Femme » par « Noir » dans des situations de la vie courante...
A méditer...