dimanche 2 décembre 2012

Les femmes et la représentation politique - 14 Novembre 2012

LES FEMMES ET LA  REPRESENTATION POLITIQUE


INTERVENANTS :

ROKHAYA DIALLO, animatrice télé et radio, chroniqueuse de fondatrice de l’association « Les Indivisibles »
BRIGITTE LAMOURI, chargée De Mission Départemental aux Droits des Femmes et à l’Égalité.  
REJANE SENAC, chercheure CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po - CEVIPOF, enseigne à Sciences Po Paris et aux Universités Sorbonne nouvelle et Pierre et Marie Curie, elle a en particulier publié le "Que sais-je ?" sur La parité.
JACQUELINE MARTIN, maitresse de conférences en économie sociale, à la retraite, de l’université de Toulouse, membre du CERTOP. Fondatrice du Master professionnel « Genre et politiques sociales ».


On utilise généralement le terme d’homme politique comme si cela était réservé au genre masculin. Les femmes en politique sont souvent appelées par leur prénom, quand les hommes sont désignés par leurs noms. On relèvera les remous de ces derniers temps qui ont marqué les politiciennes : des femmes de l’hémicycle qui s’interdisent le port de la jupe, ou les sifflets qui ont retentis dans l’assemblée alors qu’une ministre se présentait en robe.
Au niveau international, la France est très mal classée sur le point de vue de la place qui est laissée aux femmes sur l’échiquier politique (69ème rang mondial).
En parallèle, on observe que la position occupée par les femmes de chefs d’Etat prend de plus en plus de place : place de TRIERWEILLER lors de la dernière campagne française, rôle de Michèle OBAMA dans la campagne de son mari (à noter qu’elle était la supérieure hiérarchique de son mari au moment de leur rencontre, elle a su réduire son rôle à l’extérieur pour se conformer à l’image de la femme « d’intérieur »).

            Petit retour historique :
Rappelons qui était Olympe de Gouges, native de Montauban, elle est partie à la capitale pour accéder à la  centralité du pouvoir. Elle était une des premières femmes féministes, visionnaire sur la place de la femme dans la société et qui s’est fait couper la tête pour sa prise de position politique. Elle était une femme engagée dans la lutte contre l’esclavage, contre le racisme et les inégalités hommes/femmes... De manière générale, elle se battait contre les inégalités fondées sur la naturalisation (couleur de peau/sexe), l’altérisation (l’autre est absolument différent) et une hiérarchisation.
Lors des dernières élections françaises, la place des femmes sur le plan politique n’a pas été oubliée avec la constitution d’un gouvernement paritaire, la nomination d’un ministère pour le droit des femmes et une assemblée nationale avec un tiers de femmes ; l’impression d’une vision optimiste pour l’avenir.
Seule ombre au tableau : on parle de parité et non d’égalité, ce n’est donc pas un aboutissement en soi pour les femmes. Il ne s’agit que d’un partage du pouvoir revisité. Les femmes ont gagné des responsabilités en politique sans perdre pour autant celles qu’elles avaient à charge à la maison. De plus, on peut se demander sur quels types de postes ? Quelles candidates dans quelles circonscriptions ? N’y a-t-il que la loi qui puisse faire avancer les femmes en politique ?
Quelques chiffres pour y voir plus clair : les femmes constituent 53% du corps électoral et seulement 3 régions et 3 départements sont présidés par des femmes. Dans le Tarn et Garonne, une seule femme est à l’assemblée départementale. On peut simplement noter une sensible évolution du nombre de femmes maires et conseillères générales.
Lorsque la loi est contraignante, on se retrouve avec des listes à 48% de femmes (pas 50% car les têtes de listes sont toujours masculines : rien n’est « obligatoire » dans ce cadre là). Il y a à la fois une féminisation dans les collectivités territoriales et une recomposition du pouvoir.
Il y a une hiérarchisation des inégalités par rapport aux groupes dominés. L’accès à la politique ne peut être un luxe, une fois que l’on aura l’égalité sur d’autres aspects.
Aujourd’hui pour la première fois dans l’histoire, le gouvernement est paritaire en France : mais qualitativement il ne l’est pas autant qu’en Espagne (comme avec le gouvernement Zapatero). La parité est par définition le partage à égalité du pouvoir mais n’est pas forcément la considération des femmes comme des pairs.

            Les femmes font-elle une politique différente ?
Dans les esprits, il est conçu que parce que ce sont des femmes, il faut que leur politique soit différente, qu’elles apportent des choses nouvelles. Ces attentes sont vraies pour la politique mais aussi dans le management, dans la gouvernance économique... Mais dans l’exercice du pouvoir : elles sont l’autre.
Ces idées s’appuient encore sur des stéréotypes : les femmes prennent moins de risques, elles sont plus réfléchies, plus prudentes, ce sont de bonnes gestionnaires... Donc, il faut la parité pour apporter de leur « sagesse ».
En politique ce sont des femmes souvent jeunes, jolies, issues de la diversité qui réussissent à percer : elles cumulent les « anciens handicaps » de la diversité pour atteindre ce genre de poste, et ces points deviennent leurs atouts pour rassembler, elles deviennent représentatives de groupes. On attend d’elles qu’elles rapportent des voix, qu’elles performent, autant qu’elles apportent une politique différente.

En France, la conception de la femme active est proche du mythe de Wonderwoman, elles doivent cumuler: féminité et vie professionnelle, au risque d’être méprisée, tout en continuant d’assurer la gestion de la maison. C’est typiquement français de théâtraliser : « j’assume tout ». Ces attentes ne se retrouvent pas dans les autre pays comme aux États Unis.

Malgré les évolutions, il faut rester vigilant que cette parité devienne une vrai révolution culturelle et non une résolution conservatrice des anciens schémas et stéréotypes qui ne permettent pas de penser la parité comme une égalité d’être mais comme une égalité de pouvoir.
La politique de mise en œuvre d’égalité est accélérée par la parité. Qualitativement des femmes ont pris des délégations aux droits des femmes, au patrimoine, à la culture... Mais en France la politique d’égalité n’est toujours pas une priorité.

Débat et questions :
Si une femme devient présidente, son mari devient « 1er Monsieur »?
Cela est difficile à concevoir dans l’imaginaire des français, qui ont un lourd passé aristocratique : ce n’est pas tant impossible d’avoir une femme à la présidence de la République, que de voir un homme relégué à son accompagnement.
C’est le vrai problème en France :
on considère que si la femme devient le « 1er sexe »,
l’homme devient le « 2ème sexe ».

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