Retour sur 2011

Les thèmes abordés lors de l’édition 2011 :

LES VIOLENCES CONJUGALES SUBIES PAR LES FEMMES - 11 Octobre 2011

INTERVENANTS :

BRIGITTE LAMOURI, déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité.
ROKHAYA DIALLO, animatrice télé et radio, chroniqueuse et fondatrice de l’association « Les Indivisibles ».
TIEN LALLOZ, directrice de la SAVIF/PEA (Stop A la Violence Intra-Familiale/ Protection de l’Enfant, de l’Adolescent et de l’Adulte).
DANIEL WELZER-LANG, sociologue et professeur de sociologie à l’Université Toulouse 2 Le Mirail.


La première conférence s’est déroulée le mardi 11 octobre 2011, ayant pour sujet « Les violences conjugales subies par les femmes ». Beaucoup de réactions ont été suscitées à la suite des différentes données relatées par nos intervenants de qualité.

Rokhaya Diallo a introduit la conférence en nous rappelant tout d'abord que les violences faites aux femmes relèvent de la traditionnelle domination patriarcale héritée de siècles de faits sociétaires.

De son coté, Brigitte Lamouri nous a soumis à la dure réalité des chiffres 'clés' des violences subies par les femmes : tous les 2,5 jours un viol est comptabilisé. De plus, 1 femme sur 10 subit des violences dans son couple et seulement 1 victime sur 8 ose porter plainte contre son agresseur (agresseur souvent identifié comme un proche de la victime). Cela indique clairement le fait que nous ne connaissons que la partie émergée de l’iceberg.

Fait encore plus déroutant: en 2010 ont été recensés 75 000 viols, soit 1 viol toutes les 7 minutes en France. Cette donnée illustre de façon terrible l’une des premières violences subies par les femmes. C’est un réel fléau planétaire, car en dehors du territoire national. A l’autre bout du monde, une femme violée est punie pour avoir porté le déshonneur sur sa famille, il y a des pays où les victimes se font lapider. Or, ces violences sont liées : elles ont toutes lieu du fait de l’appartenance au sexe féminin.

Ces faits sont pourtant une des premières atteintes aux Droits de l’Homme. En France, des mesures législatives ont été mises en place : devant une telle recrudescence des violences (autant physiques que morales) une loi a été adoptée l'été dernier. Selon celle-ci, les violences faites aux femmes au sein de leur couple sont enfin passibles de sanctions pénales : la protection et l'accueil des femmes en danger sont d'autant plus intensifiés.
Il faut se rappeler qu'avant 1990, le viol n'était pas reconnu s'il y avait un lien marital entre victime et agresseur. Au sein du foyer conjugal, les victimes sont dans leur cadre familial, et ce sont les hommes avec qui elles ont choisi de vivre qui leur enlève leur liberté. Sans compter les victimes collatérales de ces abus : enfants, parents… (représentant plus de 250 personnes par an).

Le coût global de ces violences au niveau national ainsi que des répercussions qu’elles entraînent s’élève à un total de 2,5 milliards d’euros répartis principalement sur :
-          Les frais médicaux suite aux coups, abus et blessures,
-          Les frais de relogement des victimes recueillies…

Grâce aux stratégies interministérielles, aux associations indépendantes, un plan triennal 2011 – 2013 est mis en place et se dessine autour du triptyque Victime/Auteur de violence/Enfant.
D’où, par exemple, l’homogénéisation de l’âge légal du mariage : avant les filles pouvaient être mariées à l’âge de 15 ans et 3 mois (majorité sexuelle, et avec accord des parents) contre 18 ans pour les garçons. Aujourd’hui, l’âge légal est le même pour tous, soit 18 ans.
Plusieurs ministères, et quelques ambassades, sont mobilisés afin de veiller à l’uniformité des règles sur le territoire et afin de bénéficier d’une synergie de pouvoir pour mettre des actions concrètes en place.

L'accueil de ces femmes victimes d’abus et de violences est ensuite traité par Tien Lalloz car au sein de l’association SAVIF/PEA les femmes peuvent trouver réconfort, écoute, compréhension et surtout courage et dignité, deux qualités qui leur sont enlevées par l’agresseur.
Toutes les couches de la société sont touchées par ce fléau, la femme victime d'une agression par un proche et/ou un conjoint n'a pas de profil type ... C'est Madame Tout-Le-Monde.
C'est pourquoi cela reste encore un problème profond de notre société. Cette "Madame" peut être notre voisine, notre cousine, notre sœur, notre mère... mais le silence empêche la lutte.
La peur des représailles, la honte, la perte d'identité ou encore la peur d'être démunie de sa qualité de femme pousse souvent les victimes à enfouir cette douleur.

Le facteur de risque est bien souvent la fragilité de la personne. En effet, il existe un rapport de forces inégal lorsque cela se passe. Un simple conflit conjugal met en scène deux individus égaux, alors qu’une violence n’est définie que par un rapport de dominant / dominé. Le but de créer une soumission permanente du partenaire afin de détruire l’autre personne, de l’assujettir. C’est un cercle vicieux : plus la victime est soumise, plus l’agresseur est en position de force. 
La violence peut s'exprimer sous plusieurs formes :


  • Psychologiques ou verbales : la femme est dénigrée, humiliée, dégradée, dans sa valeur en tant qu'individu. Les scènes de jalousie, les menaces, un contrôle de ses activités, des tentatives pour l'isoler de ses proches et de ses amis pouvant aller jusqu'à la séquestration. Ne voulant pas empirer la situation, la victime cède à la soumission. 
  • Violences physiques : une femme peut être atteinte dans son intégrité physique : de la gifle à la strangulation, parfois même en ayant recours à des objets...
  • Violences sexuelles : contraignant l'autre a des actes non choisis. Le viol n'est reconnu dans le couple que depuis 1980.
  • Violences économiques : entraînant pour la femme une privation de moyens ou de biens essentiels, un contrôle ou une spoliation, parfois même lorsque la femme a une activité rémunérée.
Elle se développe par cycles, pouvant toucher les enfants :
  • L’escalade : c’est la phase de l’installation des tensions et des violences (physiques ou verbales). Petit à petit, cela réduit l’estime de soi de la victime et instaure la peur. 
  • L'explosion : l’auteur donne l’impression de perdre le contrôle de lui-même, « il dit qu’il ne peut pas s’en empêcher »
  • Le transfert de responsabilité : ici, la victime intériorise son agression, prend partie pour l’agresseur, minore son état et se rend responsable de ce fait. 
  • La lune de miel : l’agresseur s’excuse, minimise les faits et promet de ne plus recommencer.

Souvent, l’auteur de violences est prêt à tout pour faire revenir sa victime car sans elle, il n’a plus de raisons d’être violent.
Pour sortir de la violence, cela n’est pas aussi simple : il faut tout d’abord que la victime se considère en tant que tel, et bien souvent cela n’arrive pas. Il faut atteindre le seuil de l’intolérable : ce seuil est spécifique à chaque femme, par rapport au vécu qu’elles ont, aux pressions qu’elles subissent, à l’aide qu’elles reçoivent de l’extérieur, la peur et/ou l’amour qu’elles ressentent envers l’auteur des violences.

L’enfant spectateur est victime lui aussi : il se sent responsable, sert de monnaie d’échange et parfois même, reproduit ce qu’il a vu. C’est pourquoi il faut également agir sur ces victimes là. Les accompagner, respecter leur rythme, établir une communication différente, s’adapter, les écouter et les croire, rester disponible.

Des actions concrètes sont mises en place afin de permettre aux victimes (femmes ou enfants) à reprendre le contrôle de leur vie, leur redonner confiance.
90% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite pour défaut de preuve matérielle. Sans reconnaissance psychologique et sociétale de ce mal, les choses ont du mal à avancer, les victimes aussi.

Et les hommes dans tout ça?
Daniel Welzer-Lang a su décortiqué le premier contingent de la violence conjugale : l'homme violent.
Pourquoi en est-il arrivé là ? Comment le prendre en charge ?

Il y a 20 ans de cela, la violence psychologique n’était pas reconnue comme violence à part entière. Les représentations collectives ont évolué, notre société aussi, les lois également.

Selon les statistiques, 50% des hommes violents ont plus de 35 ans, et toutes les catégories socio-professionnelles sont concernées. Cependant, en comparution immédiate, ce sont souvent des hommes plus jeunes qui sont inquiétés. Les catégories socio-professionnelles supérieures, elles, sont absentes au tribunal dans la plupart des cas.
La loi existe mais n’est pas appliquée à tous de la même manière. Le combat commence ici : l’application des lois contre les violences doit être contrôlée afin de réduire les abus.

La violence faite aux femmes n’est qu’une strate : il existe un problème sous-jacent.
C’est un symptôme de la domination masculine dans les représentations avec lesquelles nous avons été éduqués. Nous voulons transformer les rapports seulement il n’y a pas d’autres réponses aux hommes violents que la coercition carcérale. Il est donc toujours question de la loi du plus fort. Nous manquons de moyens pour changer cela : il faut accueillir ces hommes pour mieux les prendre en charge.
Si l’on ne permet pas aux hommes de changer alors on ne pourra pas aller au cœur du problème.

Les hommes violents et les femmes qui subissent les violences doivent être pris en charge. Certes, avec des solutions adaptées aux maux auxquels ils sont sujets, mais nous devons agir sur les différentes strates de la violence pour permettre l’éradication de celle-ci. Sans oublier les victimes collatérales de ces préjudices.


« Pour que l’intolérable ne soit plus toléré. »



L’INEGALITE PROFESSIONNELLE HOMMES/FEMMES - 12 Octobre 2012

INTERVENANTS :

BRIGITTE LAMOURI, déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité.
ROKHAYA DIALLO, animatrice télé et radio, chroniqueuse et fondatrice de l’association « Les Indivisibles ».
SOPHIE PIORO, sociologue experte en égalité professionnelle, interlocutrice du cabinet PERFEGAL depuis Marseille et pour le sud de la France.
ELISABETH FERRO-VALLEE, ingénieure à l’Action Régionale pour le groupe AFNOR.


Dans le monde, comme en France, 80% des travailleurs pauvres sont des femmes. Il y a des raisons objectives à ces données. Les femmes subissent les temps partiels imposés, les écarts de salaires, les contrats précaires. La notion de classe moyenne tend à disparaître tandis que l’écart entre les riches et les pauvres se creuse de plus en plus.
Une personne pauvre en 2009 dispose d’un niveau de vie inférieur à 954 euros mensuels.

Les femmes ont toujours travaillé mais il existe un réel problème d’égalité entre hommes et femmes. A poste égal ou à compétences égales, une femme touchera un salaire inférieur de 25% en moyenne comparé à un homme. Écart d’autant plus important dans les fonctions d’encadrement.

Pour tenter d’analyser ce phénomène d’inégalité, Brigitte Lamouri se rapporte aux fondements, c’est-à-dire à l’école. La scolarité au départ est identique pour les garçons et les filles. Il s’avère qu’aux résultats du Baccalauréat, le meilleur pourcentage de réussite est attribué aux filles. Ce sont ces dernières qui se dirigent la plupart du temps vers des filières littéraires au détriment des filières scientifiques et techniques.

Ceci révèle une tradition héritée des siècles précédents : les filles étaient préparées à la maternité et les garçons à la production. C’est le poids de l’Histoire.

Dans les études supérieures, les filières d’excellence sont plus fréquentées par les garçons (2/3 de garçons contre 1/3 de filles). Au niveau des métiers, les postes les plus occupés par les femmes ont un rapport avec la famille, le ménage, l’aide à la personne.

Les femmes sont plus touchées par la précarité : en effet, 2/3 des familles monoparentales comprennent la mère et ses enfants. Ce sont elles qui ont le plus d’emploi à temps partiel (cf. graphique de l’INSEE ci-joint) par exemple.

Ou encore les carrières sont ralenties par la maternité. Tout ceci constitue un frein économique pour elles car elles cotisent moins pour la vieillesse, le chômage, etc.

La disparité dans le monde du travail est également identifiable grâce aux chiffres suivants : 2/3 des étudiants sont des étudiantes et 80% des smicards sont des femmes. Cette tendance est beaucoup trop élevée. La législation depuis 1957 (Traité de Rome) a beaucoup statué sur le travail des femmes or l’on s’aperçoit que l’évolution n’a pas suivi la norme européenne. Lors de la signature du dit « Traité », l’article 141, affirme l’égalité de salaire entre les hommes et les femmes pour un travail de niveau égal. Il stipule en effet que « chaque État membre assurera pendant la première phase, puis par la suite maintiendra, le principe selon lequel les hommes et les femmes doivent, à travail égal, recevoir un paiement égal ». L’article 141 du traité de Maastricht rajoute en 1992 la notion de travail de même valeur.
Petite révolution que ce lien établit enfin entre l’égalité des droits et l’égalité des salaires.
Pour la petite histoire, c’est la France qui a insisté pour inclure cet article dans le traité fondateur, or celle-ci a transposé au minimum les directives européennes dans la loi française.
Malheureusement, le fonctionnement répressif des pouvoirs publics persiste : il s’agit ici de sanctionner financièrement les établissements qui ne respectent pas les lois d’égalité. C’est le système du bâton.

Il existe néanmoins des mesures incitatives créées par le Ministère du Travail, de l'emploi et de la santé afin de garantir une certaine parité dans l’entreprise. Cette mesure est le contrat pour la mixité des emplois.

Les outils de cette mesure sont :
  • De meilleures orientations scolaires
  • L’accès à des formations 
  • Une aide au conseil 
  • Des outils de droit commun 
  • Un Label Egalité (délivré en conformité avec les normes de l’AFNOR) 
  • Création d’un Fonds de Garantie à l’Initiative des Femmes garantissant des ressources financières à moyen terme lors de créations d’entreprises par les femmes afin de pallier le manque d’accès aux crédits des femmes 
  • La mise en place de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences afin de garantir une évolution de carrière aux femmes.
 Cette démarche égalitaire n’est pas spontanée pour les établissements, mais elle peut être accompagnée et des organismes peuvent aider les entreprises.

Sophie Pioro, qui pratique le conseil aux entreprises en matière d’égalité professionnelle, assimile la division sexuelle à la socialisation, au conditionnement d’une hiérarchisation des tâches et des rôles selon le sexe de l’individu dont il est question.

Les femmes cumulent un fort taux d’activité professionnelle ainsi qu’un fort taux de natalité en France. Cette corrélation illustre l’effort fourni par celles-ci.
75% des femmes occupent des postes dans l’administratif ou bien dans le tertiaire. De plus, les femmes sont à l’origine d’1/3 des créations d’entreprises. Aussi se pose-t-on la question de l’évaluation des compétences de celles-ci : elles seraient choisies car douées de qualités dites « naturelles » comme l’aide aux personnes… !?
Les femmes créatrices d’entreprises s’y mettent plus tardivement que les hommes et ont moins accès aux financements. Leur prise de risque est moins importante également.
Sociologiquement, la répartition des tâches domestiques s’établit comme suit : 2h pour les hommes contre 5h pour les femmes. Cet écart a une réelle répercussion sur les temps de travail et vice-versa.
Les études montrent une spécialisation de la répartition des tâches : l’affectif, le matériel, le travail scolaire et le soin sont pour les femmes ; le ludique, la transmission d’un goût ou d’un hobby sont pour les hommes.
L’impact de la RTT : plus de tâches domestiques pour les femmes, plus de loisirs pour les hommes.

Les enjeux de l’égalité professionnelle sont, à terme :
-          la modernité sociale,
-          l’amélioration de la qualité humaine,
-          l’amélioration de l’aspect socio-économique.

Les moyens pour y arriver sont la volonté de mobilisation de la direction (actions des RH), l’implication des partenaires sociaux de l’entreprise, une méthodologie adaptée à chaque société, le partage d’expérience inter-entreprises et l’appui d’une expertise externe. Ce dernier point permet une réelle analyse objective de ce qui fonctionne et ce qui nécessite amélioration.

Mieux que contraindre, il faut convaincre. C’est ce que le Label Egalité Professionnelle permet de faire, explique Élisabeth Ferro-Vallée. Malgré tous les préjugés de la société qui pèsent sur le fonctionnement actuel, les carrières des hommes et des femmes sont avant tout des CHOIX. Aussi faut-il s’appliquer à les respecter et à les motiver. Pour cela, il est donc question de lever les freins.

L’égalité salariale n’est que la partie émergée de l’iceberg. En outre, il faut accentuer les actions de formation continue pour les femmes dans les secteurs moins accessibles et moins fréquentés par ces dernières.

La mixité professionnelle n’est pas toujours facile à élaborer et la formation interne peut permettre d’attirer des cibles diverses. Lors des recrutements, le reproche du manque de disponibilité est fait aux femmes or ce sont elles qui ont souvent des horaires sur des créneaux difficiles (exemple : les ménages en entreprise, soit très tôt le matin, soit très tard le soir).

Chaque établissement doit trouver ses propres solutions et s’adapter à sa structure. Afin de mettre en œuvre la mixité et l’égalité professionnelle, l’on doit s’attarder sur 3 champs essentiels :
  • La prise en compte de l’égalité dans les relations sociales, l’information et la culture d’organisme.  
  • L’égalité dans la gestion des ressources humaines et le management.  
  • L’égalité dans la prise en compte de la parentalité dans le cadre professionnel.

« La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent » 
(A. Einstein)


LE ROLE DES FEMMES DANS L'EVOLUTION DES SOCIETES - 13 Octobre 2011

INTERVENANTS :

BRIGITTE LAMOURI, déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité.
LYNNE FRANJIE, maître de conférences à l’université de Stendhal-Grenoble 3, directrice adjointe de l’UFR de langues étrangères et responsable de la section d’études orientales et de la section d’arabe.
RASHA NAGEM, libyenne, enseignante à l’université Toulouse 2 Le Mirail.




Cette troisième et dernière conférence a mis en lumière la place que les femmes avaient su prendre dans les révolutions, aussi bien anciennes que contemporaines.

Brigitte Lamouri a tout d’abord rappelé l’obtention du Prix Nobel de la Paix en 2011 par trois femmes : deux libériennes Ellen Johnson Sirleaf (surnommée la « Dame de Fer ») et Leymah Gbowee, et une yéménite Tawakkul Karman. Toutes les trois partisanes de la non-violence pour instaurer la démocratie et le respect des droits des femmes dans leur pays.

Les femmes ont toujours participé, directement ou indirectement à toutes les évolutions jusqu’aux plus traumatisantes (Première Guerre Mondiale avec leur rôle dans l’économie française, Révolution Française, Seconde Guerre Mondiale avec leur rôle dans la résistance…). Dans chacune de ces révolutions, la reconnaissance envers les femmes a toujours été importante à chaque étape. Il règne tout de même une idée de contribution « exceptionnelle » par rapport à ce qu’était traditionnellement leur rôle. Cette reconnaissance ne s’est pas transformée en acquisition de droits à chaque fois, seulement après la Seconde Guerre Mondiale.

Il y a eu un réel travail de réhabilitation de la femme dans l’Histoire.

Aujourd’hui, les révolutions arabes - ce soulèvement des populations contre l’oppression - posent la question du combat au cœur de ces révolutions pour les femmes ?

N.B : En juin 2011 a été créée la Fondation des Femmes de la Méditerranée dans le but de favoriser l’égalité des femmes au sein du bassin euro-méditerranéen.

Lynne Franjié a décrypté le phénomène du "Printemps Arabe" et notamment le rôle que les femmes y ont joué et y jouent encore.

Le terme « Printemps Arabe » n’est pas fidèle à la locution utilisée par les militants, mais le mot « Révolution » est mieux adapté. Cette révolution a donc été portée grâce notamment aux réseaux sociaux où la voix des femmes a été écoutée. Dans la rue, toutes les femmes sont sorties manifester : vieilles ou jeunes, mariées ou non, voilées ou non…
Elles étaient présentes dans tous les pays, même les plus conservateurs comme le Yémen par exemple. Parfois rejetée par l’Etat pour cause de "mixité illégale", elles sont alors descendues de plus en plus nombreuses pour se faire entendre. Les pays plus ‘laïques’ ont moins été représentés par les femmes. Ces actions féminines et féministes sont moins documentées.

Ce qui est intéressant, c’est la place que les femmes se sont créées et ont pris dans les médias. Elles sont très différentes de l’archétype de la femme arabe.

Des exemples de femmes ancrées dans la révolution sont, entre autres :
  • Nawal El Sadawi, 80 ans, féministe égyptienne et écrivaine,
  • Tawakkul Karman, pacifiste défenseure des droits de la femme au Yémen,
  • Lina Ben Mhenni, blogueuse et auteure de « Tunisian Girl »…

Écrivaines, réalisatrices, historiennes, ces femmes ont été éduquées à l’occidentale.

Tawakkul Karman a créé un lieu virtuel appelé Place de la Liberté pour permettre aux femmes de s’exprimer d’une seule et même voix contre la torture, la dictature, l’oppression politique et sociale, le non respect des droits des citoyens arabes… Elle fait réellement partie de ces femmes qui font changer le monde.
Aux cotés de ces femmes musulmanes militantes sont apparus de jeunes trentenaires cyber-militantes, comme Lina Ben Mhenni et son blog devenu livre « Tunisian Girl ». D'autres sont les instigatrices d’un grand rassemblement. D'autres encore, utilisèrent les réseaux sociaux (tweets sur la révolution…).

Mais toutes ces femmes, connues ou inconnues, n’ont pas commencé leur combat avec la révolution arabe. Femmes au foyer ou étudiantes, elles agissaient déjà avec des associations qu’elles avaient créées bien avant les révolutions arabes.

Une grande masse de femmes qui se sont engagées sur la place publique n’avaient aucune prédisposition socio-politique. Elles craignaient que leurs revendications après la révolution ne soient plus considérées : elles ont peur d’être oubliées par les partis qui se sont engagés à les mettre en avant. La mixité des partis politiques ne sont pas forcément une victoire pour les femmes car ce sont souvent des partis extrémistes islamiques qui ne permettent pas des évolutions pour les femmes progressistes.

Le voile après la chute de Ben Ali en Tunisie est devenu un réel symbole de liberté.
Des femmes arabes artistes ont voulu faire de ce symbole une véritable démarche vers le changement et l’évolution de leurs droits.

Ces différentes étapes, la chute de Ben Ali en Tunisie, celle de Moubarak en Egypte, celle de Kadhafi en Libye, seront à l’origine de réelles évolutions en faveur du changement de leurs sociétés.

Rasha Nagem, universitaire d’origine libyenne, a voulu partager des témoignages, son témoignage, afin de montrer la révolution du point de vue libyen.

Ce pays est sous l’emprise de la domination de Kadhafi depuis 30 ans.

Dans les années 30 existaient des mouvements de libération des femmes, bien organisés, qui défendaient notamment :
  • L’éducation des filles, avec une ouverture toujours plus grande à l’Est (à proximité de l’Egypte). Ceci a permis de créer des écoles pour ces étudiantes.
  • A l’indépendance de la Libye, le droit des femmes à travailler est instauré.
  • En 1962, les femmes obtiennent le droit de vote. Cela se passe plus tôt que dans les autres pays arabes.
La Libye est en passe d’avoir donc le statut de pays progressiste.

Lors du coup d’état de 1969, un homme, Mouammar Kadhafi, promet à la Libye l’égalité des droits, une liberté sociale… Tous ces mots pour accéder au pouvoir et instaurer en réalité la tyrannie.

La révolution culturelle, place des Martyrs à Tripoli, marque le début d’une hégémonie de son chef d’état : Kadhafi fait bruler toute œuvre (littéraire, photographique, documentaire…) qui n’est pas en accord avec lui et/ou son dogme. Puis il promulga "son Coran", le livre vert.

Depuis 1969 jusqu’à aujourd’hui, les massacres perpétrés sur l’ordre du Colonel Kadhafi ont été innombrables. 
L’origine du soulèvement de la population, donnant naissance à ce « Printemps Arabe », est l’emprisonnement de milliers de libyens suite à un désaccord avec la doctrine de Kadhafi. Ces prisonniers furent exécutés immédiatement après leur incarcération. Et pendant plus de 13 ans, le Colonel et ses disciples ont fait croire aux familles qu’ils étaient toujours en vie. Ces familles ont donc apporté de la nourriture et des vêtements propres à des corps qui n’existaient déjà plus. Un jour, ils ont voulu voir les êtres qui leur étaient chers… mais pour une raison obscure à leurs yeux, ils n’ont pas pu. C’est en 2009, lorsque la vérité sur ces prisonniers a éclaté que les familles se sont rebellés : pour exprimer leur douleur et témoigner de la torture et l’infamie du régime Kadhafien.

Les révolutions des pays voisins n’ont fait qu’accélérer un mouvement latent, et ont permis de déclencher la révolution en Libye.
Les mères, les premières, sont sorties dans les rues suivies par les jeunes. La réaction du colonel Kadhafi : tirer sur tout le monde, sans exception.
Quelques jours après, la Révolution commence : la guerre civile est déclarée à Mouammar Kadhafi.

La crainte est dans tous les pays, la marginalisation de la femme est d’autant plus forte que l’instabilité politique et militaire s’installe.
La Libye est coupée de l’étranger.

Les libyens qui reviennent en Libye sont ceux de la diaspora, principalement des Etats-Unis (provenance rejetée par le monde arabe). L'Europe n’a pas su tendre la main au peuple libyens au moment de leur exil.

Les intellectuels des pays libérés ont besoin maintenant de se sentir soutenus par des associations de pays libre afin de les aider à mettre en place aujourd’hui l’ "après dictature".
Les femmes libyennes « libérées » ont une grande volonté, mais manquent de soutien. Au-delà des aides humanitaires, elles ont un grand besoin d’échange, d’entraide afin de créer et développer une démocratie laïque.

La laïcité fait peur au monde arabe avec une image antireligieux. Il apparait nécessaire d'informer les populations sur ce que représente la laïcité : apprendre la démocratie tout en respectant les opinions religieuses.
Les islamistes extremistes s'appuient sur cette mauvaise compréhension de la laïcité pour gêner l'accés des populations à la démocratie. 

« Aujourd’hui, le Colonel Mouammar Kadhafi est mort, dans un raid organisé en synergie par l’OTAN et des rebelles. Un gouvernement de transition va être mis en place. Les forces alliées essaient d’aider au mieux la Libye à retrouver une certaine stabilité, et à instaurer une démocratie laïque, rêve de tout un pays. »


Animations culturelles

Remise des Trophées Tout Feu Tout Femme à :

Florence Arthaud, navigatrice
Virginie Guyot, pilote de la patrouille de France
Alexandra François-Cuxac, promoteur immobilier   

Concerts  

Caroline Casadesus (chant lyrique), Imany (soul), Luce (pop)
Les Trompetasses Sisters (chant)

Exposition 

Femmes d'Influence, de Christine ALEGRE-ROUZIES